MEZCALEROS: Road to Texas CD (2011)
Titles :
01 - Let It Down - 4:45
02 - Cajun River - 4:23
03 - The Fow - 3:58
04 - My Life Is Burning - 4:47
05 - Hasta La Vista - 5:11
06 - Gotta Go - 4:50
07 - Eldorado - 5:06
08 - Rock O'La - 4:13
09 - Love On The Screen - 4:38
10 - Breakdown Limousine - 3:48
11 - Little Jimmy – 3:30
Musicians :
Phil Mezcal - guitar & vocals
Yvan Ackermann - drums
Michel Sanchez - bass
Jean-Etienne Loose - guitar on "Eldorado"
Ah voilà qui fait plaisir ! Un album de rock texan réussi par des Français, ce n'est pas tous les jours, et pourtant les Mezcaleros l'ont fait, et haut la main! Point besoin d'aller chercher bien loin les influences : tout ici transpire l'esprit de ZZ Top. Et attention, j'ai bien écrit « l'esprit » car si le disque est truffé de citations ou de gimmicks rappelant comme un hommage permanent le trio texan, la réussite de Phil Mezcal et de ses acolytes repose justement sur le parti pris de créer un matériel très actuel à partir de cette matière universellement répandue que sont les disques de ZZ Top.
Alors vous avez droit, au milieu de tous ces titres réussis, bien produits et arrangés, de faire votre marché : un peu partout, vous trouverez cet amour du gros son qui tue, virage pris par les barbus à partir d'Eliminator, comme dans « Let It Down » ou « The Fow », mais ici ce sera plutôt franchement acoustique avec harmo à la clé (« Little Jimmy »), quand ne se met pas en place l'association avec un côté « blues roots » (« Cajun River », « My Life Is Burning », « Gotta Go ») qui vient rappeler que l'électricité ne vient pas compenser une insuffisance de technique qui serait plus flagrante en acoustique, mais au contraire que cette musique hautement électrisée puise ses racines dans le tripotage compétent d'un bon bout de bois ou de métal dont on peut jouer à peu près partout. Et puis là (« Hasta La Vista »), sur un riff sympa, nous aurons plutôt le rappel d'envoûtantes influences latines sur le Texas (n'oublions pas que le tiers de l'état appartenait à la Louisiane française, que la Louisiane actuelle est un état voisin du Texas, et que l'influence mexicaine n'a jamais cessé, avec une frontière très perméable) ou un peu plus loin, et comme chez leur trio fétiche, la démonstration que le boogie bien joué ne repose pas forcément sur du bourrinage rythmique (« Gotta Go », « Eldorado »).
Bref, le groupe nous propose ici des compositions réussies, parvenant aussi à traduire à la fois le côté lancinant de cette musique que l'on retrouve non seulement chez ZZ Top mais aussi chez les Britanniques de Foghat (« Love On The Screen »), sa patate énorme, son côté entraînant qui fait taper du pied, ou son côté subtil, ne se révélant pas forcément tout de suite (« Gotta Go »), servies par une interprétation au top, avec de très bonnes parties de batterie, travaillées, syncopées et bien accompagnées par l'ensemble de la rythmique, d'excellentes parties de guitares, quelquefois mâtinées de shred (« My Life Is Burning »), de slide (presque partout !), ou plus typiquement « gibbonsiennes » (« The Fow », « Breakdown Limousine »), un vrai bonheur, quoi ! Certes, ce n'est pas toujours léger léger, mais ça swingue d'enfer, ça pousse, ça bastonne, ça déménage, ça pétarade, ça cartonne sans trêve ni répit. C'est bon, c'est très bon, c'est excellent et ça procure un énorme plaisir, alors pourquoi se priver ? Un remarquable disque absolument indispensable à tous les amateurs de boogie, et il y en a !
Y. Philippot-Degand
Phil Mezcal dit Mezcaleros et son groupe font sonner la queue du crotale comme des diables sur ce Road to Texas, enregistré en trio comme leur influence majeure ZZ TOP. Une torpeur toute bienfaisante nous envahit dès le démarrage de l’album par une entrée en piste bien chaudasse avec un bon hard boogie « Let it Down ». Ensuite « Cajun River » se tempère par une partie de dobro pour repartir ardu sur du bon boogie topien qui sent la sueur et la bière ( « The Fow » et « My Life Is Burning »), mais le pesant d’âme et de groove de ce premier opus, qui sort des sentiers battus et qui mérite une salutaire acquisition, se rencontre par la traversée du Rio Grande via un inspiré boogie latino aux senteurs de téquila et de sensimilla, nommé « Hasta la Vista ». Nous ne sommes pas là dans le registre lyrique du « Caballo Diablo » du Charlie Daniels Band mais dans un schéma plus proche de Tito and Tarantula. Le chant espagnol pratiqué par bribes par Phil a quelques intonations qui rappellent ce vieux grigou de Manu Chao et sa Mano Negra. On repique à cette recette épicée par des arpèges flamencos en intro sur le bon « Eldorado ». Le plus torché bien dans la veine de la bande de Houston ZZ TOP est l’avant dernier morceau « Brick Down Limousine », et sa baveuse slide. On finit en sourdine par un country blues acoustique « Little Jimie » pour se reposer de cette enivrante virée. Et en leur souhaitant un hasta la vista de longue durée.
Jacques Dersigny